Le Retour de l'enfant prodigue
Venice Beach, Californie
(Jordan Cavanaugh se trouve dans une salle où un groupe de personnes est assis. Ils sont en train de discuter.)
Thérapeute : Alors, Jordan. Qu’est-ce qui vous a amené à suivre ce groupe de gestion d’agressivité ?
Jordan : Et bien, c’est… Si je suis ici, c’est que mon employeur m’y a forcé. J’ai frappé mon supérieur dans les coucougniettes. Il en a déduit que j’avais des problèmes. Je tenais le cerveau d’un type entre les mains quand mon patron s’est mis à me harceler avec toutes sortes de questions et… Oh, à propos, je préfère que vous m’appeliez docteur Cavanaugh. Merci. Comme je disais, j’avais le cerveau de ce type entre les mains. Alors comment voulez-vous que… Que je lui mette un pain ?
(Elle se met à rire.)
Jordan : Je… En fait, je suis médecin légiste dans un service de criminologie. La mort, c’est mon fond de commerce. Un métier idéal pour canaliser sa violence.
Thérapeute : Je vois. Quelles sont les raisons qui vous mettent vraiment en colère, docteur Cavanaugh ?
Jordan : A part ce genre de questions idiotes, oh… Il y a pas mal de choses. A commencer par mon lourd de patron. En passant par les horreurs que je vois dans mon boulot. Tous ces pauvres gosses victimes de la drogue. Les psychopathes qui vous mutilent sans raison. L’injustice. Oui, tout cela me révolte. Ou encore, une gamine de 10 ans à peine à qui son professeur annonce, sans aucune forme de décence, que sa maman chérie vient d’être assassinée. Qu’elle sera élevée par son papa sans aucune autre maman avec un misérable salaire de policier. Ça devrait vous suffire.
(Son portable sonne.)
Jordan : Oh, excusez-moi.
(Elle répond.)
Jordan : Quoi ? Oh ! Mais… Vraiment ? A Boston ? Oh, mais ta proposition est si soudaine ! Je suis disponible. D’accord. Oui, dans la matinée. Très bien. A bientôt.
(Elle raccroche tandis que tout le monde la regarde.)
Jordan : Continuez sans moi.
(Elle se lève et s’en va.)
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A l’aéroport
(Jordan porte deux grosses valises et bouscule quelques personnes. L’une d’elles s’ouvre.)
Jordan : Simpa. Merci pour votre aide.
Mégaphone : Votre attention ! Dernière appel pour le vol 1203 à destination de Boston Logan. Embarquement immédiat.
(Elle entend cet appel et laisse par terre toutes ses affaires.)
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Boston, Massachusetts – Salle de bain
(Jordan est dans une salle de bain et elle se sèche les cheveux au sèche-mains. Puis, elle se met du gloss devant un miroir.)
Jordan : Je sais. Je sais. J’ai déjà eu des problèmes ici dans le passé. Et alors ? Quoi ? Je reprendrai mon ancien boulot. C’est plutôt flatteur. Oh ! Oh, oh ! Du calme. Combien de temps est-ce que tu vas m’en vouloir ? C’est une offre plutôt flatteuse. Fais pas tout foirer. Non, non, non, non. Je t’en pris. J’ai absolument besoin de ce boulot. S'il te plaît.
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A la morgue
(Jordan sort alors d’un taxi avec une valise et son étui à guitare dans l’autre main. Elle se met à regarder un bâtiment, la morgue de l’état du Massachusetts. A l’intérieur de la morgue, Garret et Jordan marche dans les couloirs.)
Garret : Oh, une revenante !
Jordan : Garrett !
Garret : Tu es toujours habillée aussi classe à ce que je vois.
Jordan : Je me suis appliquée pour faire bonne impression.
Garret : Cette fois, essaie de pas tout foutre en l’air.
(Une tête sort d’une salle et Jordan reconnaît tout de suite Gloria. Elle se prenne alors dans les bras.)
Jordan : Gloria ?
Gloria : Ah, Jordan ! Comment vas-tu, ma chérie ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Jordan : Je te le dirais quand je le saurais.
Garret : Gloria.
(Garret donne un dossier à Gloria avant qu’elle ne s’en aille.)
Jordan : On se voit plus tard.
Garret : Beaucoup de choses ont changé depuis ton départ. Mini budget et licenciement. Apparemment, le marché de la mort n’a pas la côte à Wall Street.
(Ils ouvrent les portes d’une autre pièce.)
Jordan : Qu’est-ce qui est arrivé à Yakura ?
Garret : Oh, t’es pas au courant ? Elle n’a pas arrêté de comploter dans mon dos. Résultat des courses, je vais moisir dans le secteur pour pas mal de temps. Quel rapport t’as avec elle ?
Jordan : Avec elle ? Oh, ça va. Enfin, j’espère. Et entre vous ?
Garret : Ah, non.
(Tout à coup, Bug se relève et se cogne la tête.)
Jordan : Bug ! Et ! Comment ça va ?
Garret : Vous avez perdu quelque chose Bug ?
Bug : Oui, mes larves. Environ un millier de larves d’Amazonie. De splendides spécimens. Elles tenaient dans deux caisses. De cette taille environ.
Garret : Oh, elles ne doivent pas être bien loin.
Jordan : Je vois que rien n’a vraiment changé.
Garret : Tu verras un jour, il finira pas arrêter de respirer. T’as lu les journaux ? Jonathan Mulroy se serait suicidé.
Jordan : Mulroy ?
Garret : Oui.
(Ils ouvrent à nouveau une porte et Kelly se met à hurler de joie en voyant Jordan.)
Kelly : Docteur Cavanaugh ! Oh, je le crois pas.
Jordan : Kelly. Je te croyais partie en tournée avec le cirque.
(Garret arrive avec un dossier qu’il donne à Kelly.)
Garret : Kelly. Ce département devient un asile de fous.
Jordan : Tu veux mon avis sur Mulroy ? Son suicide est une bénédiction.
Garret : Et bien, tu le lui diras toi-même. Il sera là dans une minute. Avec la moitié de la municipalité, le procureur et la presse. Comme si on avait besoin de ça.
(Ils entendent un bruit et Garret essaie de trouver d’où il vient.)
Garret : Ça sent bizarre, non ?
Jordan : On est à la morgue. Ce n’est pas censé sentir la rose.
Garret : Merci. Oui. Tu as résumé la situation.
(Et il part laissant Jordan dans l’incompréhension.)
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Dans le bureau de Garret
(Garret boit quelque chose de rose.)
Jordan : Tu serais pas un peu stressé ?
Garret : C’est rien de le dire. Je suis une vraie boule de nerfs. J’ai un ulcère. Je frise les vingt de tension, sans parler de la constipation. J’ai…
Jordan : Non. Je vois le tableau.
Garret : Pour couronner le tout, je dois faire un exposé aux journées mondiales de la fac de Bunker Hill demain. J’angoisse depuis un débutant depuis une semaine.
Jordan : Pourquoi tu t’en fais ? Avec une petite brillante personnalité…
Garret : Oui. Cinq boulots en quatre ans. C’est impressionnant.
Jordan : Oh, tu me connais. J’ai horreur qu’on s’attache à moi.
Garret : Je sais. Recommandations de la police de Chicago. Cinq meurtres résolus, compétences exemplaires, passionnée par son travail, excellent diagnostic. Alors ?
Jordan : Je sais que j’ai eu des problèmes dans le passé.
Garret : Oui.
Jordan : Non, vraiment. Je… Je me suis reprise en suivant une thérapie contre l’agressivité.
Garret : C’est très bien.
Jordan : (en s’énervant) Laisse tomber. Alors, tu vas me le refiler ce boulot oui ou non ?
Garret : Evidemment. Et comme je te le disais, la situation a beaucoup évolué depuis ton départ. C’est à prendre ou à laisser.
(Il lui donne un morceau de papier qu’elle lit.)
Jordan : C’est une plaisanterie ? Non, tu m’as fait faire tout ce chemin pour ça ! Alors que je pourrais me faire le double en vendant des reins à la sauvette !
Garret : Commence pas. Attends…
Jordan : Comment veux-tu…
Garret : Ecoute-moi, une seconde. Non, c’est pas fini. Je passe aux commentaires.
Jordan : Oh, je t’en prie.
Garret : Trop aimable. Insubordination. Désir obsessionnel de résoudre chaque crime. Quoi ? Tu trouves ça drôle de jouer les détectives ? Incapable d’accomplir la moindre investigation sans agresser ou blesser physiquement ses collèges. Tu…
Jordan : Non ! Tu ne connais que la moitié de l’histoire.
Garret : S'il te plaît, Jordan. La vérité, c’est que tu t’es grillée, Jordan. Si mon avis compte un tant soit peu, accepte cette offre, met-la en veilleuse, fais ton boulot et laisse les flics faire le leur. Et pour l’amour du ciel, achète-toi d’autres fringues.
(Jordan le regarde d’abord surpris puis sourit.)
Jordan : Tu n’as rien d’autre ? Toute façon, je suis pas une femme d’argent.
Garret : Tant mieux.
(Kelly entre dans le bureau.)
Kelly : On vient de retrouver le corps d’une femme au dépôt d’autobus. Certainement une overdose.
Garret : Très bien. Merci. (A Jordan) Tu peux commencer quand ?
Jordan : Pourquoi pas maintenant ?
(Jordan prend la feuille que venait de poser Kelly sur le bureau et ils se sourient.)
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Une ruelle de Logan Street
Policier : (Par talkie-walkie) Le quartier est sous contrôle. Je vous rappelle.
(Jordan arrive vers le corps et croise quelqu’un qu’elle connaît.)
Jordan : Salut Joe.
Joe : Salut trésor.
(Jordan continue à se diriger vers le corps qu’elle aperçoit enfin. Un homme arrive à son tour.)
Collins : Je peux vous aider ?
Jordan : Oui, je suis le docteur Cavanaugh. On m’a détaché sur cette affaire.
Collins : Ah oui, je me souviens de vous ! Ça fait un bail, pas vrai ? Comment aurais-je pu oublier ?
Jordan : Désolé, mais je ne me souviens pas de vous. Vous devez être l’inspecteur Lang ?
Collins : Non. Inspecteur Collins de la criminelle. On a trouvé ça près du corps. Elle a du se défoncer. Là, derrière le square. C’est certainement comme tous les autres. Charger un peu trop, s’asseoir et crever.
Jordan : J’examinerai son foie. Merci du tuyau.
Collins : Docteur Cavanaugh… J’ai connu votre père. Oh, ne vous en faites pas, nous étions amis tous les deux. Ce qu’ils lui ont fait… Je veux dire l’abandonner comme ça, c’était plutôt moche.
Jordan : Oui. On peut le dire.
Collins : Ah, ça arrive souvent. On s’accroche à une affaire et ça finit par tourner à l’obsession.
Jordan : Ce n’était pas aussi simple. Il s’agissait de ma mère.
Collins : Oh, excusez-moi. Je… J’étais pas au courant. Comment va-t-il ?
Jordan : Oh, apparemment bien. Juste un peu seul. Je suis sûre qu’il aurait préféré continuer son boulot.
Collins : Et bien, vous le saluerez de ma part, d’accord ?
Jordan : Oui, bien sur. Je le ferai.
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A la morgue – Autopsie n°1 : Examen initial
(Jordan procède à l’autopsie de la jeune femme retrouvée sur Logan Street.)
Jordan : Sujet de race blanche. Sexe féminin. Age : 17 à 20 ans. Environ 1m67. 62 kilos.
(Le médecin lui donne une petite boîte.)
Jordan : Qu’est-ce que c’est ?
Médecin légiste : C’est tombé de sa poche.
Nigel : De la came ?
Jordan : Non, un chapelet. Elle était catholique.
Nigel : Euh, pas d’équimose. Aucune marque suspecte. En général, on détermine facilement les heures de vol pour les prostitués mais elle… C’est difficile.
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Dans les couloirs
(Un policier, Nigel et Jordan transportent le corps de la jeune femme.)
Jordan : Une petite seconde.
(Elle ouvre la porte de l’autopsie de Mulroy.)
Yakura : Que constatons-nous ?
Jordan : Gloria !
(Gloria sort de la pièce.)
Yakura : Tout d’abord que le sujet a subi plusieurs interventions très antérieures à celles que nous sommes amenés à examiner.
Jordan : Je dois me rendre au laboratoire pour les indices.
Gloria : Bonne chance. Ce porc de Mulroy y est déjà. Le professeur exige deux avis sur les circonstances du décès.
(Yakura regarde Jordan et celle-ci lui rend son regard avec un sourire forcé.)
Jordan : Je croyais que c’était un suicide.
Gloria : Je sais. Moi aussi. Mais tout le monde semble trouver ça plutôt bizarre.
Jordan : Pourquoi il aurait fait ça ?
Gloria : Quoi ? Se suicider ? Ça, je l’ignore. Le pognon, la politique. Aucune femme. Ce Mulroy faisait beaucoup parler de lui.
Jordan : Ça remonte à quand ?
Gloria : Oh, pas plus de deux heures. Qu’est-ce que tu attends ? Va rejoindre ton père. Y a pas urgence.
Jordan : Quoi, pas urgence ? Qu’est-ce que tu fais de mon affaire, Gloria ? Une pauvre gosse prostitué. Ça prend une tournure que je n’aime pas.
Gloria : Pourquoi ?
Jordan : Je viens de pratiquer un examen pelvien. Cette gosse était vierge.
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Chez le père de Jordan
(Jordan sort d’un taxi, avec sa valise et son étui à guitare. Elle entre dans la maison de son père. Elle voit alors son père endormi sur le fauteuil. Elle regarde une photo d’elle et de sa mère et sourit. Puis, elle ouvre une boîte et en sort son chapelet. Elle se dirige vers son père et l’embrasse sur le front.)
Max : Bang !
(Jordan rigole.)
Max : Qu’est-ce que tu fais ici ?
Jordan : Je rempile.
Max : Ah !
Jordan : J’ai repris mon ancien job.
Max : Ah, Jordan ! Tu rigoles ?
Jordan : Non.
(Max la prend dans ses bras.)
Max : Oh, chérie ! C’est génial.
Jordan : Je comptais m’installer ici le temps de me trouver un petit studio.
Max : Oh, bien sur. Bien sur. Je te croyais à Los Angeles. Oh, Jordan, tu ne vas pas passer toute ta vie à emmerder la Terre entière, y compris ton vieux père et le Seigneur.
Jordan : Oh, ça te va bien.
Max : Oui. Regarde où ça mène. Allez, viens.
(Ils s’installent sur le canapé.)
Jordan : T’as fait des progrès. J’adore la déco. Waouh, ça sent le propre.
Max : Oui. Tu as vu les infos ?
Jordan : Oh, oui. Ils sont en pleine autopsie chez nous.
Reporter TV : Jonathan Mulroy. Il aurait été retrouvé mort par le gardien de son immeuble. Ce meurtre ou suicide survient après le vote très contre versé sur le projet du parking central.
Max : Ça n’a aucun sens. Je connaissais Mulroy. Bien avant qu’il soit juge. A une époque, on ne parlait que de lui dans la presse et de son combat contre Ballard.
Jordan : Oh. Donald Ballard, le maniât du béton.
Max : Oui. Il va refuser le projet qu’il porte sur un contrat de 250 millions dollars entre la ville et Ballard. A la dernière minute, il change son vote, rentre dans son bureau et se pend avec sa ceinture. Ça fait désordre, non ? Ballard. Moi, je suivrais la piste Ballard. Mais, encore faut-il que…
Jordan : Tu as sans doute entendu parler du nouveau test ADN qu’ils ont mis au point à Denver. Ils ont abouti avec des prélèvements datant de plus de 50 ans. Tu imagines ? Ça pourrait nous être utile pour…
Max : Je ne suis pas intéressé. Et n’insiste pas.
Jordan : Qu’est-ce que tu veux dire par là, papa ?
Max : Il y a un bouquin. Tu devrais le lire. C’est Evelyn qui me l’a prêté.
Jordan : Quoi, Evelyn ?
Max : Ce bouquin a changé ma vie. Tu savais qu’il y a pas moins de 5 étapes dans un deuil qui sont : dénégation, colère, dépendance, dépression et enfin, pour finir, dernière étape, acceptation. Ce que j’essaie de te dire, c’est que… Je l’ai accepté.
Jordan : Comment es-tu arrivé à l’accepter ? C’était un meurtre.
Max : Tu n’as jamais pleuré, Jordan.
Jordan : Quoi ?
Max : Tu n’as pas versé une larme quand elle est morte. Tu es restée figée dans la phase 2 de la colère. Non, non. Crois-moi. Ça explique ton comportement.
Jordan : (en s’énervant) Je ne suis pas du tout en colère, bordel. C’est qui d’abord cette Evelyn ?
Evelyn : Quelqu’un m’a appelé ?
Max : J’aurais bien aimé te l’apprendre autrement. Mais… Evelyn, je te présente Jordan ma fille.
Evelyn : Oh, Dieu du ciel. Oh, j’ai tellement entendu parler de vous. Oh, mais vous… Vous…
(Elle l’a prend dans ses bras.)
Evelyn : Allons. Asseyez-vous. Asseyez-vous. Asseyez-vous. Oh, Jordan. Alors ? Vous allez rester un peu, n’est-ce pas ?
Jordan : Et bien…
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A la morgue – Section examens et analyse microscopique des indices
(Jordan examine le corps de la jeune femme.)
Gloria : Hum, hum… Je connais ce regard hésitant. T’en fais pas pour elle. Détend-toi. Ce n’est qu’un cadavre.
Jordan : Oui. Mais chaque cadavre a son histoire. Voyons la sienne.
Gloria : Elle a des traces de poudre sur les cheveux. Je vais lancer une analyse.
Jordan : Regarde ça. Y a comme une matière fibreuse coincée entre les prémolaires.
(Jordan prend l’appareil photo et fais une photo. Elle examine alors cette matière fibreuse au microscope.)
Jordan : De la laine.
Gloria : Quoi ? Dans sa bouche ?
Jordan : Il n’y a pas que de la laine. Agrandis.
Gloria : Ça ressemble curieusement à un cil.
Jordan : Non. Un poil. De membre supérieur pour être précis. Sauf que ce n’est pas le sien. La couleur ne correspond pas. On a quelque chose. Elle a du mordre son agresseur au travers de son pull avant de mourir.
Gloria : Comment tu sais ça ?
Jordan : Parce qu’un poil dans la bouche, tu le sens et tu le recraches. Vu où il s’est coincé, si tu veux mon avis, le meurtrier doit avoir une sérieuse marque.
Gloria : Je croyais que c’était une overdose.
Jordan : On sera fixées après la recherche de toxines. En attendant…
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Dans le bureau de Garret
(Garret est au téléphone.)
Garret : Parce que je ne sais vraiment pas comment décrire ma mère en trois mots. Ecoutez, ce n’est qu’une pierre tombale. Je ne vois pas où est le problème. Ah. Ah. Parfait. Parfait. Faites au mieux. Je vous rappelle.
(Il raccroche et se met à remplir une feuille quand quelqu’un frappe à la porte.)
Jordan : Garret. Combien de temps faut-il pour recevoir une commande de révélateur ? J’en ai un besoin urgent.
(Elle commence à toucher la peluche que Garret a sur son bureau mais celui-ci pousse la peluche.)
Garret : Attends, attends, attends. Disons pas plus de 24 heures, pourquoi ?
Jordan : Euh… J’aimerais pousser ma recherche d’empreintes corporelles.
Garret : Ce n’est qu’une simple autopsie de routine, alors ne fais pas de ça.
Jordan : Je comprends et je n’ai pas l’intention de faire du fayotage. Aussi, j’ai trouvé des traces de PTC conjonctival. La cause du décès n’est pas une overdose, Garret mais la suffocation. C’est un meurtre.
Garret : C’est un plaisir de te retrouver.
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Police de Boston : Division Homicides
(Le détective Collins lit le journal et Jordan le rejoint.)
Jordan : Vous aviez tord.
Collins : Oh. C’est malin ! Est-ce que… Est-ce que c’est une façon d’engager la conversation ? Vous me faites penser à mon ex-femme.
Jordan : Notre victime est morte étouffée. Certainement avec un sac poubelle.
Collins : Ah, et voilà ! Vous avez la preuve de ce que vous avancez ?
Jordan : On a trouvé un résidu de talc utilisé dans ce type de sac sur son visage et sa tête et rien sur le reste du corps. Nous pensons qu’elle a mordu son meurtrier. On en a la preuve. Probablement à l’avant-bras.
Collins : Et, qu’est-ce que vous faites de la drogue qu’on a retrouvé ?
Jordan : On en saura davantage après l’autopsie de cet après-midi. Mais avant, nous devons nous concentrer sur la recherche des empreintes. Oh, au fait… Nous avons trouvé ce rosaire dans ses poches. Il y a comme un numéro sur le fermoir. Oh, ça ne veut peut-être rien dire.
Collins : C’est bon. Je vais m’en occuper.
Jordan : Super. Bon, et bien… J’ai du pain sur la planche.
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A la morgue
(Bug cherche ses larves dans des tiroirs et Jordan arrive.)
Jordan : Bonjour, Bug.
(Bug s’arrête de chercher et la regarde.)
Jordan : Désolée.
Trey : C’est vous, la nouvelle ? Bienvenue de la part de l’ex nouveau. Treyman Sanders. Appelez-moi Trey.
(Ils se serrent la main.)
Jordan : Et moi, Jordan Cavanaugh. Vous pouvez m’appeler comme vous voulez.
Trey : J’ai obtenu une bourse d’un an et demi. Il ne me reste que quatre mois à tirer.
Jordan : Ah ! Je ferais tout pour qu’on ne devienne pas intimes.
Trey : Ça va être difficile. On partage la même pièce. C’est mon bureau.
Bug : Bon, je donne dix dollars à celui ou celle qui retrouvera mes larves qui sont sur le point d’éclore. Et, ne m’obligez pas à vous supplier. S'il vous plaît.
Trey : Merci, bug. Nous avons pris bonne note. D’après les rumeurs qui circulent, il paraît que je ne sois pas la seule tête de turc de Yakura.
Jordan : Ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte. Vous êtes assis à son ancien bureau.
(Il se lève du siège sur lequel il était assis.)
Trey : Yakura bossait ici ?
Jordan : Oui. Vous ne saviez pas ?
Trey : En tout cas, elle a fait son chemin. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Jordan : Disons qu’elle l’a joué, comment dire, bien plus collectif que moi.
Trey : Il faudrait qu’on prenne le temps d’aller boire un verre ensemble, un de ces quatre, pour faire connaissance.
Jordan : Il semblerait que partager ce minuscule espace n’est pas suffisamment intime pour vous.
Trey : Un point pour vous.
(Jordan s’en va.)
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Dans le bureau de Garret
(Garret parle à travers la peluche de son bureau.)
Garret : Je vais vous parle aujourd’hui d’un domaine qui me tient particulièrement à cœur : la médecine légale. Vous voudriez savoir le genre de compétences qu’il faut pour mener à bien cette profession. C’est une très bonne question. En premier lieu, savoir payer de sa personne. T’es trop nul.
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A la morgue – Unité de recherche (Empreintes digitales)
(Jordan procède à des analyses.)
Jordan : (En voyant Collins) Oh, demandez qu’on vous habiller.
Gloria : Eh ! Joli petit loup, hein ? Encore faut il aimer ce type de garçon.
Jordan : Tu me connais. J’ai toujours eu une attirance pour les flics.
(Collins rentre dans la pièce, tandis que Gloria continue à rire.)
Collins : Vous avez quelque chose ?
Jordan : Non. Rien pour le moment. Vous n’imaginez pas combien il est difficile de prélever une empreinte sur de la peau. Et vous, quoi de neuf ?
Collins : Rien non plus. J’ai fait une enquête de voisinage, mais c’est comme si elle débarquait de Mars.
Jordan : Et le chapelet, qu’est-ce que ça donne ?
Collins : Le numéro nous a conduit jusqu’au vendeur. Une boutique spécialisée sur Cleman Street. Mais chou blanc. Le magasin est fermé depuis plus de 9 ans.
Jordan : Pourquoi était-il encore dans sa boîte ?
Collins : Ah, j’en sais rien.
Jordan : A mon avis, ce meurtre n’avait rien de sexuel. Et elle connaissait son agresseur. Gloria, passe-moi la lampe une seconde.
Gloria : Oui.
Jordan : Merci.
(Elle approche la lampe du visage et y voit des empreintes.)
Jordan : En plein dans le mil. Et voilà.
Collins : Et comment pouvez-vous savoir que ce ne sont pas les siennes ?
Jordan : Laissez-moi un peu de temps.
(Elle prend une photo des empreintes sur le visage.)
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A la morgue – Unité d’analyses numériques des empreintes digitales
Kelly : Aucun point de coïncidences. Il est évident que ce ne sont pas les siennes. On peut s’en rendre compte avec le pouce. Il est trop gros pour être à elle.
Jordan : J’ai l’intuition qu’on est pas loin. Concentrons nos recherches sur les services d’immatriculation.
Kelly : Bien madame.
Jordan : Où on est avec la victime ?
Kelly : On patauge. Aucune immatriculation. Aucun papier militaire et rien côté casier.
Jordan : Et si on passait sa photo dans la base de données des personnes disparues ?
Kelly : Jordan, je t’ai pas attendu.
Jordan : Ah, super.
Collins : Ça peut prendre des heures. Ça vous dirait un petit café ?
Jordan : Pourquoi pas ?
Collins : Allons-y.
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Dans la rue
Collins : Vous m’avez impressionné avec votre piste sur les empreintes. Vous raisonnez comme un flic. Comment avez-vous appris si vite ?
Jordan : Quand j’étais gamine, la nuit, alors qu’on me croyait couchée, mon père s’asseyait à la table de la cuisine avec un verre de scotch. Et là, il étalait tous les indices de l’affaire dont il s’occupait. Et puis, il les observait. Alors, je me levai de mon lit pour l’espionner, et je me faisais toujours repérer. Et un soir, il m’a appelé et il m’a dit « Choisis. Qu’est-ce que tu veux être ? La victime ou le tueur ? » Et voilà, comment j’ai débuté. C’était un peu comme un jeu, sauf que le méchant n’était jamais le colonel moutarde dans le salon avec la clé à molette.
Collins : Ça devait être un peu plutôt lourd à porter pour une gamine.
Jordan : Oh, après tout ce que nous venions de traverser ensemble, ça me semblait plutôt naturel.
Collins : Je me demandais si… Si vous fréquenteriez quelqu’un qui soit pas de votre…
Jordan : Espèce ?
Collins : Oui.
(Jordan rit et s’apprête à répondre lorsque son bipeur se met à sonner.)
Jordan : Ils ont une piste.
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A la morgue
(Jordan rentre en courant à la morgue, suivie du détective Collins.)
Kelly : Je crois que nous avons notre grand gagnant.
Jordan : Le conseiller Mulroy.
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Dans les couloirs
Jordan : Oui, ils avaient rendez-vous ensemble.
Collins : Mais rien de sexuel.
Jordan : Ou alors, pas encore consommé. Toujours utile qu’on l’a retrouvé morte.
Collins : Oui. Et lui a mis fin à ses jours.
Jordan : Exactement.
Collins : En l’occurrence, nous avons notre coupable.
Jordan : Encore faut-il qu’il est une morsure à l’avant bras.
Collins : Et bien voyons.
Jordan : Charlie, le numéro du frigo de Mulroy.
Charlie : Désolé, il est plus là.
Jordan : Comment ça, plus là ?
Charlie : La famille l’a embarqué, pour la veillée mortuaire. Ils l’enterrent demain.
Collins : Qu’est-ce qu’on fait ?
Jordan : Il nous reste encore une solution.
Collins : Qu’est-ce que vous racontez ? Non, attendez, non, non, c’est impossible. Jordan !
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A la mairie – Funérailles du conseiller Mulroy
(Jordan et Collins s’invitent aux funérailles de Mulroy.)
Collins : Jordan, vous n’avez pas le droit de faire ça. Il vous faut une commission rogatoire.
Jordan : Regardez-moi ce peuple ! Toute la ville a du se donner rendez-vous. Je le crois pas. Le maire, le procureur et tout le conseil. Même Donald Ballard est de la fête.
Collins : Où ça ?
Jordan : Là, le type avec le costard en tuai. Il deviendra notre principal suspect si jamais on prouve que la mort de Mulroy n’est pas un suicide.
Collins : Et ! Moi, je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là.
Jordan : Et bien, je jouerai toute seule.
(Elle s’approche du cercueil tandis que Collins va s’asseoir. Jordan se met à prier devant son corps, ouvre ses boutons de manchettes et regarde si il a des cicatrices. Elle n’en trouve aucune. Un homme arrive et la surprend.)
Homme : S’il vous plaît, un peu de tenue.
(Collins la regarde inquiet et Jordan réfléchit à ce qu’elle va dire.)
Jordan : Oh. Je voulais savoir s’il portait l’anneau que je lui avais offert… Pour notre anniversaire.
Homme : Vous n’êtes pas madame Mulroy ?
Jordan : Non.
(Elle se met à pleurer sur l’épaule de l’homme.)
Jordan : Merci.
Homme : Je comprends.
(Jordan s’approche de Collins, qui s’est levé.)
Jordan : Il ne l’a pas tué.
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A la morgue
Kelly : Clarisse Jenner de Roanock en Virginie. Elle n’avait que 17 ans.
Jordan : Contacte d’urgence sa famille, qu’elle rapplique le plus vite possible.
Kelly : D’accord.
Jordan : Oh pendant que je te tiens, fais-moi un topo des états de service d’un dénommé Donald Ballard.
Kelly : Le Donald Ballard ?
Jordan : Réunis tout ce que tu as sur lui : casier judiciaire, mise en examen. Je serai à mon bureau.
Kelly : Oui. A vos ordres.
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Dans le bureau de Garret
(Il remet sa cravate en place devant un miroir. Il se retourne alors vers sa peluche et commence à lui parler.)
Garret : Quoi ? Qu’est-ce que tu regardes ?
(Il ouvre la porte de son bureau et en sort.)
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A l’amphithéâtre de la faculté de Bunker Hill
Garret : Je suis ici… Excusez-moi, mais je suis un peu nerveux rien qu’à l’idée de vous parler d’un métier fascinant connu sous le nom de médecine légale. Si vous souhaitez… Trav… Oh, je suis désolé. Excusez-moi. Aucun de vous ne choisira ce boulot. Et qui plus est, je suis très certainement le plus mal placé pour vous en parler. En ce moment, j’ai une marionnette sur mon bureau. C’est mon psy qui me l’a donné. Je suis supposé lui confier tout ce que je n’ose m’avouer à moi-même et il est persuadé qu’elle s’en sortira beaucoup mieux que moi. Vous voulez un bon conseil ? Ouvrez vos oreilles. Ne suivez pas les traces de votre cher papa parce que ça fait bien sur une carte de visite. Ne devenez pas médecin parce que maman serait fière de vous ou parce que votre cher papa ne vous a pas donné l’amour tant désiré. Rien à foutre ! Eclatez-vous dans quelque chose de noble. Pourquoi pas artiste ? Ou bien poète ? Dieu, le courage qu’il faut pour devenir poète. Trouvez en vous la force qui doit donner un sens à votre avenir. Et qui prouvera que vous êtes en vie. C’est le seul conseil que je peux vous donner. Vous avez des questions à me poser ?
(Quelques personnes commencent à quitter la salle.)
Garret : Suivez votre instinct.
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A la morgue
(Jordan regarde le corps de la jeune femme.)
Jordan : Je découvrirai celui qui t’a fait ça.
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Chez le père de Jordan
(Max et Jordan sont à table et regardent tous les indices de l’enquête de cette dernière.)
Jordan : Voilà. C’est tout ce qu’on a.
Max : Oui, c’est mince.
Jordan : Je sais. Il doit y avoir un lien entre Mulroy et elle, mais lequel ?
(Il examine les indices.)
Jordan : Alors, qu’est-ce que tu choisis ? La victime ou le tueur ?
Max : Oh ! Ça fait une éternité qu’on y a pas joué.
Jordan : Je prends la victime.
Max : Et moi, Mulroy.
Jordan : Scène 1. On est au commencement de la soirée. A la nuit tombante. Je marche dans la ruelle. Pfou, il fait un froid de canard. Mais je ne le sens pas. Je ne ressens plus rien. Je plane littéralement. Ce sont les barbituriques.
(On aperçoit Jordan dans une ruelle.)
Max : Tu n’es pas dans cette ruelle. Tu es avec moi, en sécurité bien au chaud. Dans me voiture. Tu as confiance en moi. Tu n’imagines pas un instant ce qu’il va t’arriver.
(On voit Jordan dans une voiture.)
Jordan : J’ai confiance en toi.
Max : Oui. Je caresse ton visage.
Jordan : Pourquoi ?
Max : J’imagine que tu es ma maîtresse.
Jordan : Je suis encore vierge.
Max : Pas pour longtemps. Et tu me rejettes, je ne le supporte pas. Si tu ne peux pas être à moi, j’en crèverai.
Jordan : Mais tu es incapable de me tuer. Il faut que tu engages quelqu’un. Mais, comment ?
Max : Je suis un politicien. J’ai certainement rendu des services.
Jordan : A qui ?
Max : Je l’ignore.
Jordan : Tue-moi et on le découvrira.
(Max boit un verre.)
Max : Il est tard. Tu ne me vois pas.
Jordan : Je distingue une forme dans l’obscurité. C’est toi. J’essaie de résister, mais tu es trop fort. Alors, je tente de… Mais il est trop tard. Je ne peux plus respirer. Je suis paralysée. Je ne peux pas mourir.
Max : Jordan ! Jordan ! Ça va ? Ça va ?
Jordan : Oui. Il nous manque beaucoup trop d’éléments. C’est le brouillard le plus total. Nous devons avoir ce qu’elle faisait avec lui.
Max : Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre.
Jordan : Le rosaire. Elle avait un rosaire tout neuf dans une boîte. Il n’a jamais été utilisé. Comme celui que maman m’avait offert pour ma confirmation.
Max : Il ne venait pas de ta mère. C’est moi qui te l’ai offert. C’est la coutume. Une vieille tradition irlandaise. Ce sont les pères qui offrent aux filles leur rosaire… Pour leur confirmation.
Jordan : Mulroy, c’est irlandais ?
Max : Exact.
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Police de Boston – Division Homicides
Mère de Clarisse : Mulroy. Je croyais ne plus jamais entendre ce nom. J’ai tout fait pour bien l’élever. J’ai travaillé nuit et jour pour qu’elle ne manque de rien. Elle voulait absolument découvrir qui était son père. J’avais l’intention de la mettre au courant. J’aurais dû lui dire qu’il était mort. Il y a environ cinq jours, elle a reçu un coup de fil. La personne ne s’est pas présentée, c’est tout ce que je peux dire. Le jour suivant, elle est partie.
Collins : Et vous pensez que c’était Mulroy ?
Mère de Clarisse : Non. Bien sur que non. Il n’a jamais désiré cette gamine. Je venais d’avoir 20 ans, j’étais arrêtée pour possession de stupéfiants. Il était juge à l’époque. Il m’a promis l’inconditionnel si je couchais avec lui. Et j’ai couché. C’est étrange, non ? L’amour pour un père est un sentiment très fort, même s’il ne veut pas de vous.
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Dans les couloirs
Jordan : Une âme bien pensante a découvert l’histoire et lui a appris qui était son père.
Collins : Oui, mais qui ? Mulroy est un politicien. Il a plein d’ennemis. On a que l’embarras du choix.
Jordan : Ballard.
Collins : Non, c’est trop facile. Lui et Mulroy se combattaient par presse interposée depuis des semaines. C’est trop évident.
Jordan : D’après vous, ce serait une coïncidence que Mulroy ait changé son vote à la dernière minute et offert à Ballard un fabuleux contrat de 250 millions. Voyons ! On l’a fait chanter en le menaçant de publier sa paternité.
Collins : Oh ! Doucement. Vous insinuez que Ballard est actuellement en train de se balader avec une morsure au bras et que ce serait lui le meurtrier.
Jordan : Pas lui personnellement. Mais 250 millions, ça peut permettre de s’offrir les services d’un pro.
Collins : Oh, c’est nouveau ! Maintenant, ça tourne à la conspiration.
Jordan : Mulroy s’achète enfin une conduite et dix minutes plus tard, il se donne la mort. Son maître chanteur n’avait pas prévu ça. Du coup, la petite est devenue un témoin trop gênant. Il n’a pas eu le choix, il l’a liquidé.
Collins : Imaginons que ce soit vrai. Je ne vois pas comment convaincre le procureur sans aucune preuve. Et Ballard joue au golf avec le gouverneur.
Jordan : je peux lui donner un petit coup de pouce.
Collins : Eh, vous allez où là ?
Jordan : Je vais rencontrer Ballard.
Collins : Woo, oh, attendez, attendez !! Vous comptez l’arrêter ? Vous n’êtes pas un flic, Jordan. Cette fois, vous allez vous griller pour de bon. Un conseil : Vous faites votre boulet et vous me laissez faire le mien. C’est compris ?
Jordan : Oui.
(Le portable de Collins sonne.)
Collins : Oui. Oh, où ça ? (A Jordan) Eh, eh, eh ! (Au téléphone) Oui, je vous rejoins. (A Jordan) Jordan, on a un suspect.
Jordan : Quoi ?
Collins : A l’hôpital central aux urgences.
Jordan : Whaou. Je viens avec vous.
Collins : On y va.
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A l’hôpital central
Collins : Un junkie qui vit dans un squatte à deux pas de l’endroit où a eu lieu le crime. Deux policiers l’ont retrouvé grâce à un contrôle de routine. Il s’est enfui et planqué.
Jordan : Comment savez-vous que c’est lui ?
Collins : Il a avoué. Ils se sont drogués. Il a voulu la mettre à poil. Elle s’est défendue et il l’a buté.
Jordan : Que faites-vous de la morsure ?
Collins : Et bien, voyez vous-même. S’il en a une. Je vous souhaite bonne chance.
(Il l’approche de la fenêtre et on voit un homme qui pousse des grognements.)
Collins : Ils lui ont envoyé les maîtres-chiens pour le débusquer. Les médecins prévoient une centaine de points de suture.
Jordan : Et, où est l’arme du crime ?
Collins : Envoyez le paquet. (Un policier lui donne un paquet.) Ce scellé va être envoyé au labo. Et nous espérons trouver la preuve de sa culpabilité. Ça vous va ?
Jordan : Assurez-vous qu’ils fouillent bien à l’intérieur. Chaque indice peut nous être utile. Je ne crois pas que ce sera nécessaire. Nous avons enfin l’arme du crime.
(Elle sort du paquet un sac plastique qu’elle pose sur le mur. Ils regardent et aperçoivent la forme d’un visage.)
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A la morgue – Dans le bureau de Garret
Garret : Je vous confirme par la présente ma démission en tant que directeur de l’unité de médecine légale attachée au juge d’instruction de l’état du Massachusetts.
(Il regarde le papier et s’apprête à signer quand il aperçoit un papillon qui vient se poser sur son stylo. Ce papillon s’envole alors vers la porte et l’on voit d’autres papillons qui volent. Garret se lève et Bug arrive avec un filet. Il essaie de les attraper.)
Bug : Oh ! Excusez-moi.
(Garret continue à le regarder et sourit.)
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Dans le bureau de Jordan
(Jordan est assise et touche au rosaire tout en réfléchissant. Elle prend alors le téléphone et compose un numéro. Trey arrive et elle raccroche finalement.)
Trey : Alors ? On avait pas parlé d’aller prendre un verre ?
Jordan : Oui. A ce sujet, je suis sûre que vous devez être un garçon simpa et, ce qui ne gâche rien, plutôt mignon, que vous êtes probablement sorti dans les 10 premiers de votre classe.
Trey : Faux. Les 5 premiers.
Jordan : 5. Parfait. Alors, en fait, j’ai horreur de sortir avec des collègues de bureau. Et par expérience, je vous promets qu’il n’en sort jamais rien.
(Trey se met à rire.)
Trey : Je vois. C’est embarrassant. Vous croyez que je fais ça pour vous draguer ?
Jordan : C’est pas le cas ?
Trey : Non. J’ai pensé que nous étions dans la même galère, que nous pourrions nous entendre, nous protéger, c’est tout. Et pour votre gouverne, vous ne craignez rien avec moi.
Jordan : Pourquoi ça ?
Trey : Désolé, mais… Je ne sors pas avec les blanches.
(Elle reprend le téléphone et compose un numéro. Collins répond, tandis qu’il est dehors.)
Collins : (Au téléphone) Oui, ici Collins.
Jordan : (Au téléphone) Pourquoi lui donner un chapelet ?
Collins : (Au téléphone) Quoi ?
Jordan : (Au téléphone) Mulroy. Il ne l’a jamais aimé, jamais connu, alors pourquoi lui avoir offert ?
Collins : (Au téléphone) Du calme, Jordan ! Tout est fini. Nous avons notre homme.
Jordan : (Au téléphone) Je sais. Mais cette histoire de chapelet n’a pas de sens.
Collins : (Au téléphone) On a jamais vu de fin heureuse dans ce genre d’affaire. Qu’est-ce que vous cherchez ? C’est terminé.
Femme : J’ai trouvé ce que…
Collins : (Au téléphone) Je voulais m’excuser pour ce que j’ai dit hier. Laissez-moi me faire pardonner. Je vous paie un pot.
Jordan : (Au téléphone) Où ça ?
Collins : (Au téléphone) Et bien, pourquoi pas se retrouver au pub près du central à 9h30 ?
Jordan : (Au téléphone) D’accord.
Collins : (Au téléphone) Alors, à ce soir.
(Jordan ouvre le dossier que la femme vient de lui ramener. Elle lit « Feu vert pour les entreprises Ballard » et regarde une photo dans le journal où elle voit Collins.)
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Au pub
Collins : Il y a un truc qui cloche ?
Jordan : Pourquoi est-ce que vous m’avez fait croire que vous ne connaissiez pas Donald Ballard ?
Collins : De quoi est-ce que vous parlez, là ?
Jordan : Vous travaillez pour lui. Comme garde du corps. J’ai une photographie.
Collins : Quoi ? Vous enquêtez sur moi ?
Jordan : Et vous agissez comme si vous ne l’aviez jamais vu. Pourquoi avoir omis de mentionner que vous travaillez pour lui ?
Collins : J’ai également bossé pour le maire. Vous n’allez pas m’arrêter pour ça ? Sachez que la moitié des flics de cette ville a un autre job dans la sécurité. Je me fais royalement 38 mille par mois. Je l’ai à peine entre vu ce gars là. Alors, tout le monde est suspect pour vous ?
Jordan : Remontez vos manches.
Collins : Quoi ?
Jordan : J’aimerais voir vos bras.
Collins : Vous êtes complètement cinglée !
(Il retrousse ses manches et Jordan voit qu’il n’y a aucune marque.)
Collins : Vous êtes bien la fille de votre père.
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A la sortie du restaurant
(Collins sort et Jordan arrive en courant pour le rattraper.)
Jordan : Non, attendez. Quand je suis tombée sur la photo, je me suis dit qu’il se pourrait…
Collins : Que j’étais le tueur. La confiance règne, c’est génial !
Jordan : Non, c’est moi. C’est d’accord, je suis une passionnée qui m’implique beaucoup trop dans les affaires. Ça finira par me jouer des tours et c’est pour ça que ma vie est un désastre. Je n’arrive pas à contrôler ce cerveau qui m’entraîne un peu trop loin. Vous savez ce qui me rend malade ? C’est que je commence sérieusement à me sentir bien avec vous.
(Ils s’embrassent.)
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Chez Collins
(Ils continuent à s’embrasser tout en se déshabillant.)
Collins : Excuse-moi. Je ne vais pas trop vite ?
Jordan : Non, non.
Collins : Parfait.
Jordan : J’aimerais juste que… Tu as une salle de bains ?
(Ils rigolent.)
Collins : Heureusement ! C’est par là.
(Elle entre dans la salle de bains, ferme la porte et souffle. Elle regarde dans l’armoire à pharmacie à la recherche de quelque chose.)
Collins : Tu veux quelque chose ?
Jordan : Euh, oui, bien sur. Qu’est-ce que tu as ?
Collins : Je ne sais pas. Tu regarderas.
(Elle tombe alors sur le produit qu’elle cherchait. Elle referme la porte et sort de la salle de bains. Elle tombe sur Collins et commence à avoir peur.)
Collins : Un scotch, ça va ?
Jordan : Oui.
(Elle en boit une gorgée et ils se remettent à s’embrasser. Ils s’allongent sur le lit.)
Jordan : Je crois que nous en étions resté là.
Collins : Oh ! Oui.
Jordan : Oh, mon Dieu. Qu’avons-nous là ?
(Elle sort les menottes de la poche de Collins.)
Collins : Oh, mais qu’est-ce que tu fais ? J’ai été un méchant garçon.
Jordan : Vraiment ?
Collins : Oh, le vilain méchant petit garçon.
(Pendant ce temps, elle accroche ses bras aux menottes qu’elle attache au lit.)
Jordan : Oh, excuse-moi. Ça va peut-être trop vite ?
Collins : Non, pas du tout.
(Il tente de l’embrasser tandis qu’elle descend ses manches jusqu’à ce qu’elle trouve la morsure.)
Collins : Mais qu’est-ce qui te prend ?
Jordan : Tout le monde sait qu’on ne s’habille pas en blanc quand on met du fond de teint.
Collins : Tu sais ? Ça remonte bien plus haut que Ballard. Ils ne te laisseront jamais remonter jusqu’au grand patron.
Jordan : Oh, pourquoi pas ? Parce qu’ils vont me tuer ? Si tu savais combien je m’en fous de crever. C’est ce que mon psy me tue à me répéter.
Collins : J’irai jamais en taule.
Jordan : C’est dommage pour toi. Tu sais pas ce que t’as raté.
(Elle prend le téléphone et compose le numéro de la police.)
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A la morgue
(Jordan marche dans le couloir, alors que des papillons se baladent toujours dans la morgue. Elle essaie dans toucher un et voit débarquer Bug, toujours avec son filet. Il attrape alors ce papillon.)
Bug : Ça fait 733.
(Elle regarde alors Bug, inquiète pour lui.)
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Dans le bureau de Garret
(Garret regarde la ville par la fenêtre et Jordan vient le rejoindre.)
Jordan : Garret ?
Garret : Salut.
Jordan : J’ai eu le meurtrier.
Garret : Ah oui ?
Jordan : Oui.
Garret : Je suis au courant.
Jordan : Collins n’est juste qu’un maillon. Le cerveau règne sur la mairie. Je vais me faire Ballard.
Garret : Sûrement pas. C’est pas ton boulot. Laisse la police s’en occuper.
Jordan : Mais Garret…
Garret : Jordan. Laisse tomber. Ou je te vire.
Jordan : Tu ferais ça ?
Garret : Laisse tomber, s’il te plaît.
Jordan : Garret, ça va ?
Garret : Ma mère est morte il y a trois semaines de la maladie d’Alzheimer.
Jordan : Oh, pourquoi tu ne m’as pas dit qu’elle était…
Garret : Tu savais comme je l’aimais. On pouvait plus communiquer depuis environ 5 ans et je… Je croyais au fond de moi que j’arriverais facilement à faire mon deuil. Quand la fin est arrivée, là, je me suis retrouvé comme… Plus rien n’a de sens à mes yeux. Idolâtrez vos parents car, sans eux, le monde est fade, cruel et déroutant. Emily Dickinson. Laissez tomber. J’ai besoin de toi ici, Jordan. Et ne me demande surtout pas pourquoi. Je sais pas moi-même. On se voit demain, d’accord ?
Jordan : Oui.
Garret : A demain.
Jordan : Au revoir, Garret.
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Chez le père de Jordan
(Jordan entre et voit son père endormi. Elle s’approche de lui et l’embrasse sur le front. Elle regarde alors une photo d’elle et de sa mère. Son père, réveillé, la prend dans ses bras alors qu’elle pleure.)
Max : Je sais.
FIN